Feuillet du 16e dimanche du temps ordinaire
Marie-Médiatrice
Saint-Nicolas
Sainte-Julienne
Chers Paroissiens, chers lecteurs,
Dimanche dernier j’ai rappelé que nous étions au 15ème dimanche dans la période liturgique dite « Ordinaire » de l’année. A la sortie de la messe, quelqu’un m’a demandé pourquoi on appelle ce temps « Ordinaire » ! Je lui ai expliqué brièvement parce qu’il était pressé de rentrer, mais je voyais qu’il restait sur sa faim, et en plus de cela, il a lâché quelques mots comme quoi cette appellation prête à confusion parce qu’elle donne l’impression que c’est un temps sans importance qui n’aurait pas beaucoup d’intérêt et auquel on accorderait peu d’intérêt, un peu comme quelque chose d’habituel sans la moindre nouveauté, bref, quelque chose qui n’apporte rien aux gens…
A chaque fois que des questions pareilles me sont posées, je me dis que la personne qui m’interpelle n’est peut-être pas la seule à chercher à savoir. C’est pour cette raison que je profite de cette occasion pour aborder le sujet en espérant d’y apporter un peu d’éclaircissements.
Tout d’abord, je ne me suis pas trompé de terme, nous sommes dans une période liturgique dite « Ordinaire ». Dimanche dernier nous étions effectivement à la quinzième semaine du Temps Ordinaire qui est un temps pour forger nos habitudes, notre caractère, nos vertus. Les fêtes et solennités sont là pour renforcer notre foi et continuer notre chemin. La vie est ainsi faite de chemins ordinaires et parsemée de fêtes afin de reprendre souffle, nous revivifier et repartir de plus belle.
Le temps ordinaire, parfois appelé temps de l’Église, est un temps liturgique représentant une fraction de l’année liturgique catholique. Il se déploie à 2 périodes distinctes de l’année liturgique. En effet, entre le baptême du Seigneur et le mercredi des Cendres, puis entre la Pentecôte et l’Avent, se déroule le temps dit « Ordinaire », au sens d’habituel (ordinarius) familier, proche du déroulement quotidien de l’existence. Il est jalonné d’un certain nombre de fêtes et solennités
Ensuite, pour en découvrir tout le sens et toute la portée, découvrons ce qu’en dit Paul De Clerck, Curé d’une paroisse bruxelloise, professeur honoraire de l’Institut Catholique de Paris : « Est ordinaire, dans le langage courant, une chose dont on se sert habituellement, quotidiennement, à la différence de réalités extra-ordinaires, comme le sont les fêtes, qui « sortent de l’ordinaire ». « D’ordinaire » signifie : habituellement, à la différence de ce qui est plus particulier, spécifique, réservé à telle catégorie de personnes ou à telle circonstance plus exceptionnelle.
Dans l’usage liturgique, qui nous intéresse plus particulièrement ici, le Temps ordinaire désigne les 34 semaines situées en dehors des temps forts que sont l’Avent et le temps de Noël, le Carême et le Temps pascal. Ces derniers comportent des particularités (pas de Gloria en Carême ; Alleluia au Temps pascal, etc.), alors que durant le Temps ordinaire on célèbre la liturgie « normale », si l’on peut dire, sans particularité. Même si l’on fait bien évidemment la différence entre la semaine et les dimanches !
C’est en ce sens-là que l’on parle aussi de « l’Ordinaire de la messe », c’est-à-dire des parties invariables, à la différence des particularités dues à tel ou tel temps fort. Le terme « ordinaire » qualifie le quotidien, à la différence du festif. Il ne faudrait pas y voir une disqualification ; quelqu’un n’a-t-il pas écrit un Éloge du quotidien ? (Tzvetan Todorov, Éloge du quotidien, 1998)
Le Temps ordinaire est donc celui où nous pouvons vivre à l’aise les richesses de la liturgie, les approfondir et les ruminer, pour qu’elles produisent en nous tous leurs fruits. Il nous offre l’occasion de laisser descendre en nos cœurs tout ce dont les temps forts nous ont comblés. Il ne faut donc pas les considérer comme des « temps morts » !
Chaque dimanche nous est servi un plateau à trois lectures bibliques, et durant la semaine on parcourt, au long de trois années (A,B,C), les richesses des livres bibliques que l’on n’a pas toujours l’occasion d’entendre durant les temps forts. La couleur liturgique du Temps ordinaire est d’ailleurs le vert, couleur de la croissance et de la vitalité dans le quotidien. Si les temps forts peuvent être considérés comme ceux des semailles, le Temps ordinaire est celui de la croissance, en nos existences, des richesses semées au printemps pascal. Le temps de l’Église.
Par différence, on mesure alors aussi l’importance des fêtes, qui sont là « pour nous sortir de l’ordinaire » et stimuler notre quotidien. » ([1] Tzvetan Todorov, Éloge du quotidien, 1998.)
Très bon et fructueux « Temps Ordinaire » à toutes et tous !
A. Oscar MUREKEZI, votre Curé