Connaissez-vous vraiment nos 5 paroisses (5)

L’Immaculée-Conception de Mangombroux

L’église actuelle n’a pas encore un siècle, puisque sa construction a commencé en 1923 et s’est achevée 2 années plus tard, en 1925. L’Europe occidentale des XIXe et XXe siècles ont vu la construction de très nombreuses églises pour suivre la tendance démographique galopante, notamment liée à la révolution industrielle.

Photo de Thomas Sabbadini

Mais l’histoire ne commence pas au XXe siècle. Au lieu-dit « Mangombroux », 3 membres de l’Ordre des Frères Mineurs Récollets, une déclinaison des franciscains, viennent installer un ermitage au XVIIe siècle. Ordre profondément missionnaire, leur prédication et leur enseignement se fait dans la langue locale: le wallon. Leur prédication est très appréciée par les habitants des alentours et viennent amplement se mettre à leur écoute. En 1765, Mathieu David obtient l’autorisation de ses supérieurs pour construire une petite chapelle liée à l’ermitage.

Photo de Thomas Sabbadini

Le temps avance et la pression démographique est telle que, au début du XXe siècle, l’abbé Beuvens, curé de St-Hubert, Heusy, ainsi que plusieurs paroissiens s’attèlent à la construction d’une plus grande chapelle. Cette dernière est inaugurée en 1909 et dédicacée à Sainte Marie. L’abbé Fettweis en devient alors officiellement le chapelain. La grande fréquentation oblige cependant à envisager très vite la construction d’un bâtiment plus spacieux. C’est ainsi que le projet de construction d’une église nait. Des fonds sont levés et le projet peut démarrer, mais comme bien d’autres rêves, il fut brutalement interrompu par la première guerre mondiale. C’est finalement en 1922 qui le projet reçoit toutes les validations et le chantier peut commencer. Le bâtiment que nous connaissons encore de nos jours est consacré comme église dédicacée à l’Immaculée Conception en date du 19 avril 1925. Enfin, en 1927, elle devient une église paroissiale, avec l’abbé Fettweis comme curé, lui qui a tant œuvré pour cette communauté.

L’Immaculée Conception de Marie:
dévotion ancienne, formulation récente

La dévotion à l’Immaculée Conception de Marie trouve déjà ses origines chez les Pères de l’Église, et même si la manière d’en parler est éloignée de la nôtre, elle apparait déjà dans des textes de plusieurs Pères Orientaux du IVe siècle. C’est au Xe siècle que cette dévotion arrive dans l’occident chrétien. Cela reste un sujet de débat et de querelle théologique durant tout le Moyen-Âge central et le Bas Moyen-Âge. Après une acceptation progressive tant dans la pratique concrète que dans la théologie mariale, cela aboutira à une définition dogmatique promulguée par le pape Pie IX le 8 décembre 1854. L’Immaculée Conception de Marie devient alors le troisième dogme marial de l’Église catholique romaine. Cette décision sera reconnue plus tard comme étant la première fois de l’histoire où le Saint-Père utilisera son infaillibilité pontificale. La seconde et dernière à ce jour fut la proclamation et la définition du quatrième dogme marial: l’Assomption de Marie en 1950.

Parler de Marie, c’est rarement parler de Marie seule. En effet, les deux premiers dogmes mariaux parlent surtout de Jésus. Dire que Marie est Mère de Dieu, c’est proclamer que Jésus est déjà pleinement Dieu et pleinement homme dès sa conception. Lorsque l’on utilise le vocable de Vierge Marie, c’est pour indiquer la conception virginale du Christ. Le sujet central est le Christ, et ces dogmes montrent la participation exceptionnelle de Marie au plan de Dieu dans la conception de Jésus et dans sa maternité divine. Cela fait partie intégrante des nombreuses controverses sur la nature du Christ. Mais lorsque l’Église parle de Marie 14 siècles plus tard, ces controverses sont éteintes depuis longtemps. C’est l’ecclésiologie qui est au centre du débat: qu’est-ce qui l’Église? Alors, on regarde les diverses grandes figures et on y cherche un idéal. Personne n’est mieux placé que Marie pour être l’idéal catholique. Et toute l’Église catholique scrute alors la figure de Marie pour y chercher un modèle. C’est ainsi qu’est alors définie l’Immaculée Conception de Marie comme suit:

Nous déclarons, Nous prononçons et définissons que la doctrine qui enseigne que la Bienheureuse Vierge Marie, dans le premier instant de sa Conception, a été, par une grâce et un privilège spécial du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée et exempte de toute tache du péché originel, est révélée de Dieu, et par conséquent qu’elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles.

La formulation parle de Marie et dit qu’une grâce toute particulière lui a été accordée, la préservant de la moindre trace du péché originel. Pour faire simple, il y a deux éléments principaux.

Notre-Dame de Lourdes
« Que soy era Immaculada Counceptiou »
« Je suis l’Immaculée Conception »

D’une part, c’est une grâce. C’est un don gratuit de Dieu, pas une obligation, ni une conclusion à tirer clairement des Écritures ou de la Tradition.

D’autre part, la préservation de Marie ne lui retire pas son humanité, sa capacité de choisir ou sa liberté, c’est plutôt à comprendre comme une capacité à discerner le bien du mal hors du commun, sans jamais être entravée pour faire le bien qu’elle désire accomplir. De manière imagée, devant un choix, il est courant de représenter l’opposition entre le bien et le mal par un petit ange indiquant le bien et un petit diablotin indiquant le mal. Si l’on suit cette image, pour Marie, il n’y a pas de diablotin.

Ainsi, Marie devient le modèle de la personne humaine qui a déjà accompli en sa vie toutes les grâces du salut. Dès sa vie terrestre, elle était pleinement sauvée par Dieu. Et ainsi, elle indique aussi un idéal pour toute l’Église, qui est appelée à être emplie des grâces du salut, et à en devenir porteuse pour toute l’humanité. Nous avons encore du chemin à faire, mais Marie pourra toujours nous aider, comme point de repère dans la foi en Jésus-Christ, personnellement et communautairement.

Bonne fête de l’Immaculée Conception de Marie à toutes et à tous!