Chers paroissiens, chers Lecteurs,
Dernièrement je me rendais à Notre-Dame des Récollets pour les confessions le vendredi soir et je suis tombé par hasard sur quelqu’un qui m’a reconnu et qui m’a demandé ce que je faisais là, parce qu’il n’est pas habitué à me voir trainer de ce côté-là ! En lui apprenant que j’étais de permanence pour les confessions il m’a regardé comme si j’étais un extra-terrestre : « sérieux, ça existe encore ces trucs ? » Telle est sa question ! A une question normalement il faut une réponse, mais ce n’était pas gagné d’avance ! Maintenant j’ai l’occasion de repenser à sa question et surtout son étonnement que la confession existe encore ! Mais dans notre monde d’aujourd’hui, est-il le seul à ne pas comprendre l’utilité ou la nécessité de la confession ? La confession, à quoi ça sert ?
Quand je parle de la « Confession » j’aime bien me référer à l’Alliance d’amour entre Dieu et l’humanité, c’est-à-dire entre Dieu et nous, les hommes. L’alliance c’est un mot qui traverse la Bible de part en part tout au long de l’histoire du peuple de Dieu. C’est un mot qui dit à la fois le dessein de Dieu et son accomplissement tout en sachant qu’entre les deux il y a nous, notre vie, notre histoire à inscrire dans cette histoire et notre chemin qui rejoint celui de l’humanité entière en marche sur les routes de l’Alliance.
On peut dire alors que dans la démarche de la confession, nous confessons d’abord la louange de Dieu, de son amour, de ce qu’il est pour moi tout en sachant que son amour est premier ! Vous voyez par exemple que les premières pages de la Bible confessent les merveilles de son amour créateur. Nous le découvrons progressivement. Mais Dieu est toujours vivant, présent et à l’œuvre dans nos vies, même aujourd’hui. Son amour est tel qu’il peut créer du neuf, nous donner un cœur neuf, nous renouveler personnellement, jusque dans la situation la plus bloquée ou la plus désespérée. Tout est une question d’ouvrir notre cœur à son l’Amour.
Vient ensuite la confession de mon péché, de ma faiblesse, des choses que j’ai faites dans ma vie et que je regrette, de mon incapacité : comme dit Saint Paul : « …vouloir le bien mais incapable de l’accomplir, car le bien que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas, je le fais (Rm 7, 18-19) ».
En confessant mon péché, je reconnais que quelque chose ne va pas, que quelque chose me détruit et m’empêche d’avoir des relations vraies avec les autres. J’exprime mon regret et mon repentir et dans ce cas ma confession devient un appel à l’aide et une reconnaissance de l’amour que Dieu nous porte.
Dans la confession je demande enfin à Dieu son Esprit-Saint qui lave et renouvelle. Je fais l’expérience que le péché qui nous détourne de Dieu nous éloigne aussi de nos frères et que le pardon qui nous rapproche de Dieu, nous relie aussi à nos frères et c’est pour cela que ce sacrement est réconciliation en Eglise aussi.
La question qui m’est régulièrement posée est comment savoir si on a fait une bonne confession !
Là-dessus, je pense que déjà la toute première chose est d’accepter d’être vrais avec nous-mêmes, sans tricher sur nos fautes, sur nos défauts. C’est en étant vrais avec nous-mêmes que nous pourrons être vrais avec Dieu, et reconnaitre humblement devant lui tous nos péchés, tous nos défauts et mauvais penchants.
Reconnaitre correspond par exemple à voir que le verre est sale. Mais il ne suffit pas de reconnaitre la saleté du verre, il faut aussi avoir la volonté de le nettoyer, tout en sachant que la confession ce n’est certes pas un évier de vaisselle, c’est un sacrement, c’est-à-dire une alliance de Dieu avec nous et avec moi personnellement. Une alliance d’amour bien entendu, une alliance à laquelle je ne suis pas resté fidèle à cause de mon péché. Alors, nous lui confessons tout avec un regret sincère, et lui non seulement prend plaisir à nous pardonner mais il nous relève aussi car il nous donne la force de prendre le chemin de la conversion.
Je me permets d’insister aussi sur la régularité, c’est-à-dire prendre le temps de vivre ce sacrement régulièrement car si nous ne nous confessons pas régulièrement, nous sommes semblables à celui qui utiliserait son verre sans jamais le nettoyer. Il prend un grand risque parce que les microbes et bactéries de toutes sortes s’y mettent et il finit par tomber malade ! Loin de moi l’idée de juger qui que ce soit bien entendu, mais pour moi celui qui ne sent jamais le besoin de se confesser ou qui ne se confesse pas régulièrement alors que dans la vie de tous les jours et dans les relations des manquements à l’amour (c’est-à-dire toutes ces choses qui viennent ternir notre image d’enfant de Dieu que nous sommes) ne manquent pas, celui qui continue de vivre ainsi comme si de rien n’était prend le même risque : il laisse le poison du péché envahir son cœur et assombrir son âme.
Voilà donc les bienfaits de la confession, un sacrement, un bon moyen à notre disposition qui nous permettra de bien veiller sur la santé de notre cœur tout en sachant que sa bonne santé c’est sa sainteté et la nôtre !
Jésus lui-même et son Evangile nous y invitent, mais la réponse nous appartient car cela doit être une démarche libre, personnelle et vraiment voulue !
A. Oscar MUREKEZI, votre curé