Feuillets Baptême du Seigneur
Immaculée Conception
Marie-Médiatrice
Saint-Nicolas
Saint-Hubert
Sainte-Julienne
Le calendrier liturgique est rempli de surprises et nous fait parfois faire des bonds temporels improbables. Nous pouvons par exemple remarquer que lors du dimanche de la Sainte Famille, qui se situe le weekend immédiatement après Noël, nous lisons l’évangile de la fuite en Égypte qui commence par ces mots : « Après le départ des mages ». Or, le dimanche qui vient après la Sainte Famille est celui de l’Épiphanie : les mages arrivent enfin auprès de Jésus. C’est une léger paradoxe temporel liturgique, mais rien de bien grave, puisque nous restons dans la même période.
Cependant, nous accomplissons ce dimanche un bond temporel autrement plus conséquent, puisqu’en l’espace d’une semaine, nous quittons les quelques semaines de la naissance de Jésus pour arriver directement au début de sa vie publique, une trentaine d’années plus tard. Nous n’avons pas de sources fiables sur les activités de Jésus pendant ces trois décennies. Les chercheurs et historiens sérieux s’accordent sur le fait qu’il est sans fondement historique de situer Jésus hors du judaïsme palestinien du 1 er siècle. Et nous pouvons légitimement nous poser la question : pourquoi aucun évangéliste, aucune source de l’époque ne raconte-t-elle pas l’un ou l’autre élément de la vie cachée de Jésus ? Sans doute pour la simple et bonne raison que cela n’en valait pas la peine, que cela n’était pas assez intéressant.
Nous avons souvent tendance à l’oublier, puisque nous sommes habitués à rencontrer Jésus dans sa vie publique, mais il a passé la grande majorité de sa vie à n’être personne de remarquable, connu uniquement de ses amis, de sa famille, de son village. Le Fils de Dieu a passé la majeure partie de sa vie dans l’incognito le plus total. À côté de cela, même la naissance dans une crèche passe pour une arrivée tape-à-l’œil. Le Tout-Puissant est probablement d’accord avec cette réplique des Tontons flingueurs : « Les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse. » Quand nos vies semblent mornes, répétitives, si platement quotidiennes, n’oublions pas que Jésus est également passé par là. Ne regardons pas avec mépris la banalité du quotidien, puisque Dieu ne l’a pas fait. C’est une manière de comprendre les dernières paroles de Jésus dans l’évangile selon Saint Matthieu : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Thomas Sabbadini