Quelle démarche oecuménique pour aujourd’hui ?

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Lorsque nous réfléchissons à une problématique, nous démarrons toujours de notre propre point de vue. C’est logique que je rentre dans l’équation de ma propre pensée. Aussi, nous ne pouvons pas ignorer notre appartenance à l’Église catholique romaine lorsque nous parlons d’unité de chrétiens. En effet, une manière usuelle de comprendre la problématique est de regarder l’histoire de l’Église comme étant une triste suite de schismes durant lesquels des portions, plus ou moins importantes, de chrétiens ont quitté la grande Église pour prendre leur indépendance. Et dans cette vision, nous sommes les héritiers de la grande Église et le but de l’œcuménisme est de ramener tout le monde dans son giron, quitte à faire des concession sur le fonctionnement interne.

Nous sommes d’ailleurs encouragés dans cette vision par les statistiques, puisque sur les quelques 2,5 milliards de chrétiens, la moitié, environ 1,25 milliard appartiennent à l’Église catholique romaine. Nous avons l’avantage du nombre. Cependant, être plus nombreux ne donne pas nécessairement raison.

Ce point de vue possède 2 grandes faiblesses. En premier, si nous nous mettons à la place d’un chrétien d’une autre Église (par exemple orthodoxe grec, copte ou syriaque) il nous verra de la même manière. Ils se sentent tout autant héritiers de l’Église universelle que nous, et les catholiques romains ont quitté le navire en faisant sécession. Cela induit nécessairement des rivalités et des incompatibilités, puisque chacun est convaincu d’être la vraie Église que les autres ont quittée et amochée au passage.

La deuxième faiblesse vient de la conception de l’Église elle-même. Nous parlons souvent de l’Église comme d’une institution centralisée qui aurait des succursales à de nombreux endroits du globe. C’est une inversion du fonctionnement de l’Église, notamment due à une centralisation de la gestion de l’Église catholique romaine. Lorsque les apôtres reçoivent l’Esprit-Saint à la Pentecôte, on parle d’Église non pas comme une institution, mais bien selon le sens originel du mot grec ἐκκλησία (ekklesia) : assemblée. L’Église est l’assemblée des chrétiens. Il y a alors autant d’Églises que d’assemblées de chrétiens. Et ce sont ces diverses assemblées, appelées Église locales ou diocésaines, avec leurs différences (fonctionnement, rites, langues, lieux, etc.) et leurs points communs (foi en Jésus, évêques successeurs des apôtres, etc.) qui forment l’Église universelle, l’Église du Christ. Il n’y a donc pas une Église locale qui a plus de légitimité qu’une autre. Certaines ont plus de prestige que d’autres à cause de facteurs divers (Antioche, Alexandrie, Rome, Éphèse, etc.), mais il n’y en a pas une qui dirige les autres.

Avec ces nouveaux éléments, comment envisager la problématique œcuménique ? Au lieu de parler de l’histoire de l’Église comme d’une suite de schismes où nous perdons des membres qui font sécession, nous pourrions la percevoir comme une histoire des Églises qui n’ont pas toujours réussi à maintenir l’unité visible de l’Église universelle. Cela signifie que l’œcuménisme devient un lieu de dialogue et de réconciliation. Nous ne cherchons pas à ramener les autres à nous, mais à nous réconcilier avec nos frères et sœurs dans la foi. Chercher l’unité des chrétiens, de tous les chrétiens, proches ou lointains, ce n’est pas chercher qui a raison ou qui a tort, c’est vouloir la réconciliation. C’est un but à grande échelle, mais aussi dans nos paroisses et nos communautés : la réconciliation est l’œuvre que Dieu nous invite à accomplir, la division et la haine ne sont pas sensées avoir leur places dans l’Église de Dieu.

Thomas Sabbadini