Christ est ressuscité, alléluia ! Avec Lui, passons de la mort à la vie !


Chers Paroissiens, chers Lecteurs,
Nous avions pensé à beaucoup de choses à mettre en oeuvre pour vivre notre cheminement vers Pâques de façon un peu plus intense, mais pour des raisons que vous connaissez tous, nous n’avons pas pu le faire comme prévu : temps de carême et temps pascal inédits !
Le temps du confinement a complètement changé nos habitudes de nous retrouver, nous rassembler dimanche après dimanche, mais cela ne nous a pas empêché de continuer de nous rapprocher de Dieu au quotidien et de faire Eglise autrement, séparément : nous avons divers outils et propositions fournis par les médias, la Radio RCF, la télévision, l’internet… qui nous ont accompagnés et aidés à intensifier notre vie spirituelle par la prière, la méditation, les témoignages d’autres chrétiens…
Ce temps est venu chambouler nos habitudes et notre mode de fonctionnement habituel, mais il ne nous a pas replié sur nous-mêmes, il ne nous a pas empêché de penser aux autres, aux membres de familles, aux amis, aux isolés, aux malades, aux ainés dans des maisons de repos… en prenant régulièrement de leurs nouvelles, en parlant avec eux grâce aux moyens techniques modernes, ce qui nous a permis de garder nos liens fraternels ou d’amitié malgré tout.


Au bout du Carême nous sommes dans cette Semaine Sainte, nous allons vivre le Triduum pascal rythmé par 3 liturgies importantes qui nous permettent de contempler Jésus pendant les derniers jours de sa vie terrestre :
Le Jeudi Saint avec la messe du soir qui nous rappelle la Cène du Seigneur, c’est-à-dire le dernier repas de Jésus avec ses apôtres, une célébration dont le coeur est donc l’institution de l’eucharistie, mais une célébration où nous avons un autre geste posé par Jésus : le lavement des pieds. Jésus qui se met au service de ceux qui l’abandonneront quelques jours après ! Ce n’est pas une imitation mécanique de ce qu’a fait Jésus ! Il s’agit là d’un geste symbolique, mais qui doit nous faire ressentir encore et encore l’amour fou et sans mesure de Dieu pour l’homme : un amour dans l’humilité, qui n’écrase personne.
Disons que nous faisons mémoire du Fils qui, par amour, lui, le Maître et Seigneur, s’est abaissé comme un esclave, comme un serviteur, pour laver les pieds de ses apôtres. En posant ce geste juste avant d’entrer dans sa passion, Jésus a voulu faire comprendre à ses Apôtres et à nous tous ses disciples d’aujourd’hui qui est Dieu son Père et ce qu’il attend de nous.
On peut dire donc que le jeudi saint nous faisons mémoire de l’institution de l’Eucharistie, mais tout en sachant que le geste du lavement des pieds n’est pas anodin. L’Eucharistie et le lavement des pieds sont deux actions différentes faites par Jésus, mais qui nous révèlent une même réalité. En d’autres mots, le pain rompu et le vin offert comme le service quotidien envers le frère sont deux faces du même mystère du Christ qui se donne sur la croix pour que nous ayons la vie et il nous invite à faire de même. Héritiers du Christ donc, faisons nôtre le chemin du Serviteur, tout simplement par amour des hommes d’aujourd’hui, tout en sachant que les multiples gestes et services sont autant d’occasions d’aimer à la manière de Jésus. Ils sont à leur mesure une bonne nouvelle pour le monde et en même temps une manière de vérifier notre fidélité à l’Evangile.
Le Vendredi Saint dont la liturgie nous propose le récit de la Passion de Jésus selon Saint Jean qui s’applique particulièrement à mettre en évidence la liberté souveraine de Jésus et nous montre paradoxalement la Croix comme le lieu de la manifestation suprême de l’identité de Dieu. Dans son récit, Saint Jean nous montre bien la réalité des événements, l’injustice, la brutalité et la violence extrême subites par Jésus il y a plus de 2000 ans, mais qui restent d’actualité dans notre monde, dans nos pays, dans certaines de nos familles, visibles dans nos quartiers, dans nos villes et cités…En pensant à tout cela, le Vendredi Saint nous offre l’occasion de nous laisser rejoindre par le cri de Jésus en croix et introduire dans l’intimité de Dieu qui, touché de notre misère, « est venu partager la vie humaine ». Bien entendu, à l’exemple de Marie et du Disciple Bien-aimé, nous sommes toutes et tous invités à demeurer au pied de la croix pour contempler le Christ et prendre conscience de la blessure infligée à Dieu et à l’humanité par notre péché,
mais surtout pour en recevoir la grâce vivifiante de l’eau qui purifie et de l’Esprit.
Le Dimanche de Pâques qui est la solennité des solennités, la plus grande fête du Christianisme, tout en précisant que la célébration de la résurrection commence le samedi soir à la Veillée Pascale dont le coeur est Jésus ressuscité et Vivant, Lumière pour nos vies. Au cours de cette célébration nous avons deux grands signes liturgiques : la Lumière et le renouvellement des promesses baptismales.
Pour éviter de tomber dans une espèce de routine puisque nous y revenons chaque année, je crois qu’il est d’une importance capitale de nous poser cette question : au-delà du mémorial de l’heureux événement de Pâques avec le tombeau vide, que nous apprend d’autre la fête de Pâques, nous, chrétiens du 21ème siècle ?
Chacun peut trouver sa réponse personnelle mais comme Pâques est la Fête de la vie, je me dis que chaque fête de Pâques devrait être une naissance pour chacune et chacun de nous. En tout cas personnellement je refuse de vivre Pâques uniquement comme une commémoration, un peu comme on célèbre, à une date précise, un grand événement qui a marqué l’histoire d’un pays ! Je veux bien sûr célébrer Pâques en me rappelant de la violence, la souffrance, la passion et la mort sur la croix dont Jésus a été victime avant sa sortie du tombeau le 3ème jour , mais en essayant d’ aller plus loin, au-delà de cette perception étriquée afin d’atteindre une autre dimension de la résurrection et comprendre que sa résurrection c’est ma résurrection, c’est notre résurrection, car sa victoire sur la
mort nous ouvre une brèche, un passage, un chemin de vie, elle nous indique une espérance et cela change tout !
Nous portons tous nos peines certes, nos blessures, nos doutes, nos souffrances et nos questionnements mais par la résurrection de son Fils, Dieu a voulu faire de nous un peuple de vivants. Dieu nous a tous envoyé un signe : aussi profondes que puissent être nos blessures ou nos souffrances, ce n’est pas une fatalité pour nous si nous nous ouvrons
à Celui qui a vaincu la mort et qui est éternellement vivant pour accueillir sa lumière ! Désormais toute notre vie peut être inondée de la lumière du Christ Ressuscité qui chasse les ténèbres de nos vies. Accueillons cette vie nouvelle et surtout, laissons-nous éclairer par les réalités de notre quotidien où nous voyons et admirons quelques transformations
qui ouvrent à une vie nouvelle de façon surprenante et inattendue. C’est le cas du grain qui se flétrit et devient une plante, l’oeuf qui se brise pour devenir poussin, un sourire qui éclaire le visage de la tristesse ou la réconciliation qui fait place à la colère…
« Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! » (Is 55, 1). La nuit de la Résurrection est une source où il nous faut joyeusement puiser les eaux de notre résurrection. Alors, que cette fête de Pâques nous apporte la joie de vivre en bons ressuscités malgré nos confinements ! Qu’elle nous conforte chaque jour en faisant grandir encore un peu plus notre foi, notre espérance et notre charité.
Joyeuses fêtes pascales à toutes et tous.
Oscar MUREKEZI, Votre curé
(Inspiré de diverses sources)