Nos églises et leur saint patron : sainte Julienne

Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, la population verviétoise ne cesse de croître et les dirigeants communaux décident de créer de nouveaux quartiers pour pouvoir accueillir toute la population de la ville lainière.
Les bourgeois vont s’installer dans le “quartier des boulevards“ (entre les rues du Palais, des Déportes, l’avenue Hanlet et chaussée de Heusy). Aucune église n’existe dans les environs proches. Il faut descendre le long de la Vesdre pour assister à la messe. Les différences sociales étaient fort marquées… Chaque quartier avait sa propre église.
En 1890 ils remettent une pétition à l’administration communale et à l’évêque de Liège, Mgr Doutreloux en vue de la construction d’une église.
En 1892, ils obtiennent l’autorisation de construire une chapelle sou le nom de Sainte Julienne de Cornillon. Un local est alors loué rue Grandjean et il servira durant neuf ans. Il a fallu tout ce temps pour acheter le terrain, remplir toutes les formalités administratives et construire l’église. Parmi les formalités administratives il y eut des difficultés à propos des limites de la nouvelle paroisse qui s’installait entre les paroisses Notre-Dame des Récollets à Verviers et Saint-Hubert de Heusy.
C’est l’échevin Henri Pirenne qui imposa le lieu entre l’actuelle rue Victor Bouillenne et l’avenue Léopold II. Il s’agissait d’un terrain en friche avec un dénivelé de 20 mètres et coupé en son milieu par un escalier branlant qui a été remplacé par un escalier en pierre lors de la construction de l’église. Les habitants quant à eux, auraient souhaité voir leur église au milieu de la place Général Jacques.
L’église Sainte-Julienne est inaugurée en 1901, construite grâce aux financements des grandes familles, entre-autre la société « les héritiers Peltzer ». Avec deux clochers entourant une grande rosace, elle constitue un des repères urbanistiques de Verviers, particulièrement visible en bas de la rue des Minières mais aussi à partir du viaduc de Lambermont sur l’autoroute. C’est l’architecte Charles Thirion (à qui on doit également le grand théâtre) qui signe les plans de cet édifice grandiose, de style néogothique. Les décors intérieurs sont les œuvres de Pringels et d’Osterrath. Le premier est peintre, le second maître verrier. Les vitraux représentent chacun une scène de l’histoire et de la foi chrétienne. Ceux situés en face de la rosace, dans la croisée droite du transept, illustrent la vie de Julienne de Cornillon, la sainte patronne de l’église.
Les compositions picturales du Bruxellois Léon Pringels retracent quant à elles des épisodes du Nouveau Testament tout en y intégrant sainte Julienne, saint Remacle (patron de la ville de Verviers), saint Lambert (patron du diocèse de Liège) et saint Joseph (patron de la Belgique). Comme dans d’autres églises de la ville, les toiles sont collées à même le mur, raison pour laquelle elles sont bien conservées. Le peintre, contemporain de Paul Delvaux et Magritte, s’est ispiré du quattrocento italien et d’un certain expressionnisme. Au final, cela donne une oeuvre pleine de sérénité et de chaleur.
Au Quattrocento (XVe siècle en Italie), l’art s’éloigne peu à peu du registre religieux : il propose des thèmes plus proches de l’Homme, mélangeant profane et sacré, tout en maniant de nouvelles techniques comme la peinture à l’huile et la perspective.
La taille de l’église sainte-Julienne permet à notre Unité pastorale d’y organiser les grandes célébrations regroupant beaucoup de paroissiens.

Julienne nait en 1192 à Retinne (près de Liège). Ses parents, des agriculteurs fortunés décèdent alors que la fillette n’a que 5 ans. Elle est placée avec sa sœur Agnès chez les religieuses qui prennent en charge la léproserie du Mont-Cornillon.
La communion plonge Julienne dans le plus doux des bonheurs ; elle souhaite la savourer en silence «au moins huit jours durant». Très vite Julienne manifeste un goût profond pour la contemplation. Dès sa jeunesse, elle a des visions mais n’en parlera pas pendant 20 ans. Elle voit le disque de la lune avec une fraction manquante. Elle comprend dans la prière qu’il manque une fête à l’Eglise en l’honneur du sacrement du corps et du sang du Christ.
Nommée prieure vers 1230, elle s’efforcera de faire évoluer la communauté de la léproserie vers une forme de vie plus explicitement religieuse. Cette exigence, ainsi que les vues de la ville sur la gestion de l’institution caritative va lui valoir beaucoup d’opposition. Tout cela décide finalement Julienne à partir en exil avec trois autres sœurs. Elle trouve asile avec ses compagnes chez les béguines de Namur, puis à l’abbaye cistercienne de Salzinnes. En 1254 la guerre civile désole la principauté. La révolte de la population menace aussi Salzinnes. Julienne quitte alors l’abbaye pour se réfugier dans une récluserie à Fosses-la-Ville. Elle y meurt suite à une maladie de gorge le 5 avril 1258.
C’est la redécouverte de la personne du Christ qui motive toute l’action de Julienne en faveur de l’institution d’une fête de l’eucharistie. Julienne a, en effet, une conscience aigüe de la présence du Christ dans notre vie. Elle l’expérimente en particulier en vivant intensément le sacrement de l’eucharistie et en méditant les paroles que le Christ a laissé à ses disciples : « Voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28, 20).
En savoir plus : saintejulienne.org
pour les enfants : lapetitejulienne.be
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