CHRETIENS QUI SOMMES-NOUS ?

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Feuillet du 5ème dimanche du temps ordinaire
Saint-Nicolas
Sainte-Julienne

Chers paroissiens, chers lecteurs,

De nos jours, une bonne partie de la population mondiale se considère sans hésiter comme « chrétien ». Pourtant beaucoup d’entre ces personnes ne savent pas ce que cela signifie vraiment d’être chrétien. Leur train de vie amène souvent les non chrétiens à mépriser le christianisme parce qu’ils ne voient généralement quasiment pas de différence entre leur propre vie et celle des chrétiens traditionnels. Dans ses enseignements Jésus a parlé de deux chemins : le chemin étroit qui mène à Dieu et que peu empruntent, et le chemin large qui mène à la destruction. En disant cela, Jésus était bien conscient que la plupart des gens ne seraient pas prêts à le suivre et à donner à Dieu la priorité qu’il mérite dans leur vie. C’est ce constat qui nous amène en ce cinquième dimanche ordinaire en rapport avec l’évangile de ce jour à nous poser la question ci-haut : « chrétiens qui sommes-nous ? »

D’abord, rappelons la fête de la chandeleur ou la présentation de Jésus au Temple, fête célébré chaque 2 février, soit quarante jours après la naissance de Jésus. C’est le vieillard Siméon qui reçut le nouveau-né avec ses parents et a rendu grâce à Dieu de lui avoir permis de rencontrer le Sauveur et la Lumière du monde. Avec la célébration de cette fête, l’Église clôt le cycle de la Nativité, après Noël et l’Épiphanie. Depuis 1997, dans la foulée de la préparation de la célébration du Grand Jubilée de l’An 2000, le Pape Jean Paul II institua ce jour pour célébrer la vie consacrée.

Cette fête, aujourd’hui chrétienne, trouve ses origines dans les rites païens qui ont existés en plusieurs versions. Elle symbolise la lumière et la prospérité…et pas mal de gourmandise au désert. C’est le Pape Gélase Ier qui, au Vè siècle, introduisit ces rites dans les girons de l’Église. L’Évêque de Rome supprime la fête païenne des Lupercales et organise à la place des processions aux chandelles représentant Jésus comme la lumière du monde. Les cierges sont bénis ce jour-là et les fidèles sont invités à les rapporter chez eux pour protéger leurs foyers.

La chandeleur fait penser aussi aux crêpes. Mais alors pourquoi manger des crêpes à cette occasion ? Rondes et dorées, elles évoquent le soleil et les jours qui s’allongent de plus en plus vite. La fin de l’hiver est aussi l’époque des premières semences. La farine utilisée pour fabriquer les galettes sont quant à elle un symbole de prospérité pour l’année qui commence.

Dans sa livraison du mercredi 30/11/2022, le journal LE SOIR avait écrit un article qui nous invite, à la lumière de l’évangile de ce dimanche, à une sérieuse remise en question. Voici le titre de cet article : « L’Église catholique plie mais ne rompt pas ». En substance, l’article relève et souligne la régression de la pratique religieuse en Belgique en se fondant sur les statistiques fournies par les différents diocèses du pays. Les mariages, les baptêmes ainsi que les funérailles, sans citer les autres sacrements, sont de moins en moins célébrés. Les chiffres sont peu encourageants pour la vénérable institution. Les églises se vident toujours alors que c’est le phénomène inverse qui aurait pu s’observer. Dans notre unité pastorale, c’est l’une des raisons qui a conduit l’équipe pastorale à réduire les nombres des célébrations vu que nous n’arrivions pas à avoir des assemblées significatives . Serons-nous les derniers chrétiens ? (selon le titre d’un des ouvrages du théologien canadien Jean Marie Roger Tillard). Ce n’est pas le moment ni le lieu d’évoquer tous ce que nous pouvons savoir sur les raisons de ces désertions , ni encore moins de pointer du doigt qui que ce soit. Malgré les chiffres qui ne sont pas encourageants, l’article du journal affirme : Mais son empreinte sur notre société est loin de disparaître. Ce qui est une reconnaissance de l’impact du christianisme sur la vie des hommes.

En affirmant aujourd’hui dans l’évangile que nous sommes le  « sel » de la terre et la « lumière » du monde, le Christ nous invite à prendre conscience non seulement de notre existence et présence dans le monde mais aussi et surtout de notre rôle en tant que ses disciples. L’enjeu est de taille. De nos jours, quelle est la place des chrétiens dans la société ? Quel rôle jouent-ils ? Leur voix se fait-elle entendre ? Ont-ils un mot à dire dans la conduite des affaires de la cité ?

Si ces questions et tant d’autres sont réels et urgentes pour qu’on se les posent, il est encore très urgent que nous nous interrogions également sur notre identité, qui sommes-nous exactement quand nous nous proclamons chrétiens ? Comment nous mettons-nous à la suite du Christ ? S’il est important de proclamer sa foi par des paroles, il est surtout souhaitable que ce que nous professons avec des paroles apparaissent dans notre agir quotidien. Les Belges sont croyants, mais pratiquants peu réguliers, pouvons-nous lire sur le site de Cathobel. Devant cette situation nos diocèses ne croisent pas les bras . A travers leurs diverses structures d’accompagnement, ils se déploient à toujours relancer les choses en innovant et en diversifiant les activités. C’est par la pratique de notre foi et en vivant celle-ci au quotidien que nous éviterons de perdre notre caractère de sel et de lumière du monde. Baptisés et envoyés en mission, l’évangile de ce dimanche nous invite à méditer sur notre identité en tant que membres du corps du Christ tout en le manifestant sans équivoque à la face du monde.

Abbé André Vital LUKOJI.