Feuillets du 1er dimanche de Carême
Immaculée Conception
Saint-Hubert
« Revenez à moi de tout votre cœur ! »
Chers Paroissiens, chers lecteurs,
Pour nous lancer dans la quarantaine de jours que nous venons de commencer dans notre cheminement vers Pâques, le ton a été donné par la Parole de Dieu du mercredi des cendres le 22 février : D’abord le livre du prophète Joël « revenez à moi de tout votre cœur », puis le cri de l’Apôtre Paul : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » et enfin, la triple interpellation de Jésus nous invitant à une attitude humble et discrète dans nos gestes de rejoindre Dieu : partager, jeûner et prier dans le secret de notre cœur !Cette discrétion est à comprendre dans le sens où nous acceptons de quitter cette scène où nous vivons habituellement, de laisser tomber cette façade et cet espace où nous nous laissons si souvent distraire de l’essentiel, emportés par le tourbillon des vents dominants ou en nous encombrant du superficiel !
Le carême chrétien un temps de grâce qui nous est donné par l’Eglise pour faire le ménage dans notre vie, pour nous désencombrer du superficiel, du superflu inutile et nous rappeler que sans le souffle de vie que Dieu nous donne par son amour, tout notre être n’est que poussière. C’est pour cela que nous entrons chaque année en carême en posant un geste d’imposition des cendres ! Les cendres grises et tristes qui symbolisent nos vies aussi si souvent tristes et grises quand nous nous éloignons de l’amour de Dieu ; quand nous laissons le mal et le péché ternir notre image d’enfants de Dieu que nous sommes.
Mais notre bon Dieu ne désespère jamais de nous, il est patient et nous attend les bras ouverts, guettant toujours notre retour à Lui.
Disons que pendant cette période qui dure 40 jours à l’image des 40 jours du Christ au désert, à l’image aussi des 40 ans que le peuple Hébreu passa au désert avant d’entrer en Terre Promise, nous sommes tous invités à faire des efforts pour changer de cup, pour remarquer dans notre vie ce qui est penché ou dévié et qui nous éloigne de Dieu afin de le redresser !
Oui, le carême nous rappelle que dans cet itinéraire d’éloignement il existe toujours une possibilité du retour aux origines ! Tout comme le feu du forgeron fait fondre un métal et lui donne la forme qu’il veut et qui répond à son goût, ce temps de carême nous invite à nous laisser purifier, conduire et transformer par le feu d’amour qui remplit le cœur de Dieu. Bref, nous avons à nous tourner vers la source de la vie, de l’amour et de la lumière : le Christ ressuscité dont le cœur ouvert sur la Croix est cette source. C’est pour cela qu’Il nous indique Lui-même des moyens concrets pour mieux vivre ce temps béni qui nous est donné : En réalité il s’agit de vivre davantage de notre baptême :
En pratiquant le jeûne : pas seulement pour nous faire perdre quelques kilos, mais pour nous libérer de l’instinct de posséder et d’accumuler inutilement. En tant que chrétiens, nous rappeler que nous sommes en pèlerinage ici sur terre et éviter de nous alourdir, de nous encombrer des choses peut-être non nécessaires afin de voyager léger car un pèlerin trop chargé n’avance pas aisément ! Mais c’est également accepter « de nous passer du superflu et même du nécessaire pour signifier concrètement que, ce qui seul nous est nécessaire, ce qui seul peut combler notre cœur, c’est le Christ. » Les fruits de ce jeûne est qu’il « creuse en nous le désir de Dieu ». Bien entendu ces efforts de privations peuvent porter sur la nourriture – c’est le premier sens du jeûne – mais aussi sur bien d’autres choses auxquelles nous tenons et qui tiennent une certaine place dans nos vies.
En nous donnant à la prière qui, non seulement constitue la clef de voûte de toute vie chrétienne, mais aussi qui nous permet de découvrir et d’approfondir la présence vivante et vivifiante du Christ dans notre vie. La prière doit faire partie de notre vie quotidienne car elle permet d’être en contact régulier avec Dieu et de découvrir sa volonté.
En nous souvenant que le partage de ce que nous avons et ce que nous sommes, c’est –à-dire nos biens matériels, notre temps, nos charismes et nos talents… est une façon d’apporter la lumière du Ressuscité dans la vie des plus mal pris que nous, imitant ainsi la générosité de Dieu envers les plus démunis. Dans cet esprit d’aumône nous pouvons donner non seulement de l’argent (Associations caritatives…), mais aussi ce que nous avons de plus précieux comme l’amour, la compassion, la bienveillance, la compréhension, le pardon…
Je termine en rappelant que le carême est souvent présenté comme un nouveau printemps c’est-à-dire un temps du renouvellement. C’est le printemps de Dieu qui ne doit pas être vécu dans la tristesse, mais avec une joie profonde car c’est un temps de grâce : dans nos égarements, dans nos désespoirs, nous sommes accueillis, pardonnés et aimés de Dieu.
Tout au long de ce carême, demandons au Seigneur de nous accompagner jour après jour et faisons nôtre cette belle prière de Charles de Foucauld : « Mon Père, je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira. Quoi que tu fasses de moi, je te remercie. Je suis prêt à tout, j’accepte tout. Pourvu que ta volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures, je ne désire rien d’autre, mon Dieu. »
Bon carême et belle montée vers Pâques à toutes et tous.
Oscar MUREKEZI, votre Curé.