Feuillets du 8ème dimanche du Temps ordinaire
Immaculée Conception
Marie-Médiatrice
Saint-Nicolas
Saint-Hubert
Sainte-Julienne
Chers Paroissiens, chers Lecteurs,
A peine sortis des fêtes de Noël et de fin d’année, bientôt nous sommes repartis avec le temps de Carême dans lequel nous entrons le « Mercredi des Cendres » qui, cette année, tombe au 06 mars. Il s’agit bien de ces 40 jours que l’Eglise nous propose chaque année pour bien voir où nous en sommes par rapport à notre « Alliance » avec le Seigneur. Pour ceux et celles qui le désirent, ce temps de Carême peut se vivre parfaitement sous le signe de l’Alliance pour rappeler que nous sommes en Alliance avec Dieu depuis notre baptême, mais une Alliance sans cesse renouvelée, non seulement pour exprimer à Dieu notre désir de salut, mais aussi une Alliance qui doit toujours nous ramener les uns vers les autres pour faire Eglise, Corps du Seigneur !
Parlant de Carême, je sais que la plupart pensent immédiatement à la privation de quelque chose qui leur coûte de partager ou de ne pas consommer ; mais je crois que, vu tout ce que nous devons courir après dans nos responsabilités variées, vu les soucis et contraintes professionnels, bref face au rythme vertigineux de la vie quotidienne que nous impose notre société, ces quarante jours de carême nous sont donnés chaque année principalement pour revisiter notre intérieur, c’est-à-dire pour chercher et retrouver l’intimité avec le Christ.
Autrement dit, étant ce que nous sommes, avec des hauts et des bas qui nous collent à la peau, comme le Peuple de la Première Alliance, l’Eglise marche, et le temps de Carême est un temps du retour vers Dieu.
Au fur et à mesure que nous progressons sur ce chemin de Carême, nous sommes invités à nous laisser imprégnés et habités par la Parole de Dieu qui est parole de vie. A la suite du Christ et à son exemple pendant sa période au désert, disons que chacune et chacun de nous est invité.e à l’exercice de la purification du cœur, de la pratique parfaite de la vie chrétienne et à une attitude de pénitence.
Mais cela ne doit pas nous faire oublier la dimension missionnaire et caritative du Carême. Cela veut dire que, tous nos efforts pour améliorer notre vie spirituelle sont louables, mais « améliorer notre charité, c’est mieux !» Je le dis parce que je reste convaincu que, malgré nos sociétés de consommation où on veut nous convaincre coûte que coûte que c’est l’avoir ou l’argent, c’est l’amour qui fait tourner le monde, mais pour cela nous devons nous demander sans cesse si notre vie personnelle exprime cette vérité.
En d’autres mots, il est question de prendre le temps pour devenir meilleur, prendre le temps pour ce renouveau intérieur et cette fraicheur spirituelle, mais en même temps, profiter de ce temps pour vivre intensément notre vocation de baptisés par l’exercice de la mission qu’elle nous confère : « annoncer à tout homme l’espérance et la joie de l’Evangile ». Il s’agit donc d’un temps non seulement de prière, de jeûne et de partage mais aussi un temps joyeux, propice à la conversion et à l’ouverture du cœur vers Dieu et les autres. Comme vous le savez, ce temps va jusqu’à la Semaine Sainte qui nous fait revivre la Passion et la Mort de Jésus, avant de célébrer dans une grande joie le jour de Pâques, jour de la résurrection du Christ, socle de notre foi chrétienne, événement fondateur du christianisme.
En menant ma réflexion sur le Carême, cela me fait penser à une jeune juive hollandaise Etty HILLESUM qui, deux ans avant sa mort à Auschwitz, après avoir lu St Augustin et les Evangiles, a écrit ceci en 1941 : « Il y a en moi un puits très profond. Et dans ce puits, il y a Dieu. Parfois, je pensais à l’atteindre. Mais le plus souvent des pierres et des gravats obstruent ce puits et Dieu est enseveli. Alors il faut le remettre au jour ».
Je crois que ce puits, nous l’avons tous. Il a été foré le jour de notre baptême et depuis lors nous avons revêtu le Christ, Dieu nous habite ! Je dirais que le temps de Carême vient alors comme une sonnette pour nous rappeler que ça vaut la peine de vérifier s’il n’y a pas des pierres et des gravats qui risquent d’obstruer cette source de vie en nous.
Il est vrai que le Christ et l’Eglise à sa suite proposent la prière assidue, le jeûne et la charité plus active comme trois moyens concrets pour vivre profitablement ce temps de Carême. C’est bon et personnellement je crois que ce sont ces mêmes moyens qui permettent que la vie qui nous a été transmise par le Christ au Baptême rayonne en nous pour le monde et tous ceux qui nous entourent.
En d’autres mots, il nous faut une mise au point sur notre façon d’aimer, c’est-à-dire veiller à ce que notre prière, notre jeûne…et tout ce que nous envisageons de faire nous ramène aux gestes concrets d’aimer Dieu et les proches ainsi que tous ceux et celles que le Seigneur met sur notre route.
Chez nous, dans nos familles, parmi nos proches et ailleurs, il y a des personnes qui désespèrent et qui, de plus en plus, perdent confiance, suite au chômage, à l’épreuve de la maladie ou la perte d’un être cher… Dans la prière, le soutien et l’attention qu’ils attendent de notre part, marchons avec eux vers la fête de Pâques qui est bien sûr et avant tout la joie de la Résurrection après la souffrance et l’obscurité du tombeau, mais aussi « un horizon, une aurore printanière chaude et bienfaisante » (Mgr Hubert HERBRETEAU, Évêque d’Agen).
Alors mes amis, avec Jésus et comme lui poussés par l’Esprit, allons dans le désert de nos cœurs pour nous nourrir de la parole de Dieu, ce qui nous permettra de résister et vaincre nos tentations, redresser ce qui est penché dans nos habitudes, dans notre façon de vivre et de voir le monde afin de célébrer Pâques dans la joie de cette image retrouvée de fils et filles de Dieu.
Bon et fructueux Carême à vous tous !
Oscar MUREKEZI, votre curé