Dans cette nouvelle année,unifions notre être et notre vie

Chers Paroissiens, chers lecteurs

C’est bien fini ce temps d’été où la plupart en profitent pour penser à soi-même et prendre les vacances qui permettent d’oublier la pression et échapper un peu au rythme infernal que nous impose le quotidien sur le plan professionnel ou d’autres engagements. Forces refaites, physiquement et spirituellement je suppose, je souhaite à tous et à chacun une bonne reprise.

A vous aussi fidèles laïcs engagés bénévolement dans différents secteurs qui couvrent le grand chantier pastoral dans notre Unité Pastorale, je souhaite également une bonne rentrée pastorale ancrée dans la Confiance et l’Espérance.

En pensant justement à cette nouvelle année pastorale qui sera rythmée par tout ce que nous serons amenés à mettre en œuvre pour développer des attitudes missionnaires, répondre aux besoins des uns et des autres, j’aimerais bien rappeler que, avec notre large liberté d’actions et d’initiatives, nous avons comme sources d’inspiration les quatre priorités de notre évêque dont vous avez déjà pris connaissance il y a 5 ans. Ces quatre orientations sont d’une grande importance et vous continuerez à en entendre parler certainement car, si notre évêque en fait ses priorités dans l’église diocésaine, cela veut dire que nous sommes appelés à être les premiers acteurs pour les incarner sans cesse là où nous sommes !

En guise de rappel, il est question de la place que nous réservons à l’intégration des pauvres et au dialogue pour la paix ! Comment sommes-nous les acteurs de la communication de l’Evangile ? Comment répondons-nous au besoin de nos contemporains en quête du spirituel ?  Comment faire naître un esprit d’amitié, un témoignage d’amour mutuel, une véritable fraternité ? 

Cette dernière priorité attire toute mon attention. La fraternité que nous cherchons à faire naître entre nous et autour de nous commence par l’écoute de l’autre, mais une écoute enracinée dans une autre fraternité que je qualifierais de personnelle que chaque chrétien est invité à avoir avec le Christ qui nous envoie. En d’autres mots, il nous faut d’abord l’écouter : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé…. Écoutez-le » (Mt 17,5). C’est le Père qui nous invite tous à écouter son Fils, d’où la nécessité de demander sans cesse la grâce d’écouter le Christ, d’écouter l’Évangile avec une simplicité renouvelée, avec un cœur généreux et ouvert, avec foi et confiance en Dieu.

C’est ensuite cette écoute du Christ et son évangile qui nous permettra de comprendre que la fraternité est avant tout à cueillir comme le simple fruit de l’écoute de l’autre, non seulement au sein de notre famille ou de notre cercle d’amis, mais aussi cet autre fragilisé par l’addiction, par le chômage ou l’insécurité au travail, par le manque de ressources ou d’affection, par la précarité des relations familiales…

En d’autres mots, on peut dire finalement que l’essentiel de notre mission consiste à accompagner le frère ! Et cela demande qu’on reconnaisse soi-même ses propres pauvretés afin d’ouvrir « un espace où chacun peut être lui-même, dans la confiance et le respect, permettant de nouveau l’estime de soi ».

En réfléchissant bien, je me dis finalement que pour espérer réussir dans notre vie de chrétien ainsi que la mission qui nous incombe, ce serait intéressant de méditer un peu le petit passage de l’Evangile selon Saint Luc 10, 38-42 !

Vous connaissez certainement ce passage. Il s’agit de la visite de Jésus à Marie et Marthe, les sœurs de son ami Lazare. On ne s’en rend pas toujours compte mais ce passage nous brosse les trois amours essentielles que Jésus nous a révélés : aimer Dieu, son prochain et soi-même, et à mon sens c’est cela qui résume bien l’essentiel de notre mission. Interpellé par Marthe au sujet de sa sœur Marie assise à ses côtés en écoutant Jésus au lieu de l’aider dans le service d’accueil, c’est ce que souligne ce dernier dans la remarque qu’il fait à Marthe : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses. Une seule chose est nécessaire… » (41-42).

En fait nous sommes appelés, à l’exemple du Christ, à apprendre à unifier notre être et notre vie, ce qui veut dire que le service de l’autre doit venir comme un prolongement de notre prière et la rencontre de l’autre nous élever le cœur vers Dieu. C’est comme cela que faisait aussi Jésus qui, souvent à la fin de ses journées, après des moments d’intenses rencontres avec les foules qui le suivaient, renvoyait tout le monde pour se retirer seul et entrer dans cette intimité personnelle avec Dieu dans la prière.

Il est donc question de trouver le juste équilibre et à un moment donné, se poser la bonne question pour savoir où on en est : Est-ce le moment de s’arrêter pour écouter Dieu, ou est-ce le moment de sortir vers les autres pour les aider ? Autrement dit, y -a-t-il dans ma vie une place pour le silence et l’écoute de Dieu comme Marie ?  Mais aussi, y-a-t-il une place pour le service et le dialogue avec les autres comme Marthe ?

Je pense également que, comme ses premiers disciples, puisque nous sommes en chemin avec le christ, il y a un troisième élément qu’il ne faut pas oublier pour que cet équilibre nécessaire soit complet : on sait bien que les disciples de Jésus étaient entrés avec lui chez les deux sœurs.  Mais curieusement, on ne les voit pas aux pieds de Jésus avec Marie pour l’écouter, on ne les voit pas non plus à la cabine technique avec et aidant Marthe pour le service !

Où étaient-ils alors et surtout que faisaient-ils ? On ne sait pas exactement ! Peut- être que, suite à la fatigue de la journée à la suite du Maitre et jeune Rabbi, ils faisaient une petite sieste à l’ombre d’un marronnier ! Peut-être que, en attendant que le repas soit servi, ils prenaient tranquillement un petit apéro en se racontant de petites anecdotes ! Peu importe, mais cela éveille cette question : en dehors du service de Dieu et du service de l’autre, quel est cet autre et troisième élément nécessaire à l’homme ?

Chers amis, c’est bien le repos, c’est bien ce temps qu’on peut dire « de jachère pour nous rappeler que la grâce de Dieu suffit à justifier nos vies et surtout comprendre qu’une existence humaine, même improductive, a une valeur infinie ».

On veut toujours faire plus, parfois au risque même de se disperser, parfois avec un petit sentiment de culpabilité pour ce qu’on n’a pas pu accomplir alors qu’on n’a pas cessé de courir à gauche et à droite où différentes activités nous attendaient… le temps du repos nous est nécessaire aussi pour prendre conscience « que nous ne sommes pas à l’usine, que la religion est un moyen et non pas une fin en soi, que le service est lui aussi une grâce avant d’être un devoir » !

Puissent ces trois axes aller ensemble dans chacune de nos vies individuelles, dans notre journée, notre semaine, notre année. C’est ainsi que nous aurons compris et mieux vécu la loi de l’amour tel que Jésus nous l’a révélée : Aimer Dieu et le prochain comme soi-même !

Que l’Esprit du Seigneur nous habite tous et nous accompagne.

Bonne rentrée, mais aussi une bonne et fructueuse
année pastorale à toutes et tous !

Oscar MUREKEZI, votre curé.