Chers Lecteurs, chers Paroissiens,
C’est ce week-end que nous sommes tous sollicités pour témoigner de notre solidarité par une collecte prescrite dont le fruit permettra à l’Action vivre ensemble de financer les projets de chez-nous dans le cadre de la lutte contre l’exclusion et la pauvreté. Mais notre solidarité s’ouvre aussi aux pauvres d’ailleurs que nous serons appelés de soutenir par les collectes de Noël. Comme ce sera pour l’aide à mon village au Rwanda, vous avez le droit de savoir les projets que vous soutenez.
Nous avons tous entendu parler d’anges, parfois avec de belles histoires sur eux. Pris au sens littéral, les anges sont des « messagers », les messagers ou les intermédiaires de Dieu. Ce sont eux qui apportent la parole de Dieu et aident les hommes. On est habitué à les représenter avec de grandes ailes, et parmi eux il y a « les anges gardiens » qui veillent sans cesse sur les hommes. Il est dit que chaque homme a son ange gardien. Dans la Bible, que ce soit dans le Nouveau ou l’Ancien Testament, à part les Archanges Saint Michel, Saint Gabriel, Saint Raphaël, les noms des Anges ne sont pas précisés. Au Pays des Mille Collines, le Rwanda, depuis une bonne dizaine d’années il existe d’autres types d’« Anges-Gardiens » !
Tout a commencé en 1994 pendant la période sombre de la Tragédie Rwandaise qui a provoqué le génocide des Tutsi et le massacre des Hutu modérés. Il y a eu trop de morts, plus d’un million de personnes de tout âge. C’était vraiment la période du sauve qui peut pour survivre ! Mais il y a des gens qui se sont distingués par leur courage à essayer de sauver des vies, comme elles le pouvaient, sans trop se soucier de la leur. C’est l’exemple de Madeleine (86 ans aujourd’hui) qui a pris un bébé vivant sur le dos de sa mère, morte de balles. Elle savait qu’elle n’avait rien pour la nourrir, elle savait que ce bébé allait pleurer alors qu’elle était censée faire attention, bien se cacher et éviter tout bruit afin de ne pas être localisée et assassinée. Elle a pris ce risque et heureusement elle a survécu avec cet enfant. C’était une fillette. Elle l’a appelé « Cadeau », elle l’a nourri et plus tard elle l’a fait baptiser. Aujourd’hui, c’est une jeune femme de 25 ans et elle s’appelle Clarisse. Comme la plupart des Rwandais qui ont survécu au génocide, Madeleine et son mari qui est mort il y a 6 ans se sont retrouvés sans rien après le génocide ; ils avaient tout perdu et il fallait tout recommencer à zéro, très difficilement à leur âge. Ce n’était pas du tout facile !
Par après, Madeleine et Augustin n’ont pas cessé d’avoir d’autres surprises : ils ont accueilli et élevé deux bébés abandonnés devant leur porte, Rita en 2006 et François en 2009 et pour couronner le tout en 2009 ils ont accueilli chez-eux une jeune maman battue, Perpétua qu’elle s’appelle, sans famille et qui n’avait nulle part où aller, avec ses 3 enfants Egide 6 ans, Joséline 3 ans et Egidia, 1 an. Voilà, Madeleine et Augustin ne sont pas les seuls au Rwanda, il y en a d’autres qui, comme eux, malgré leur vie modeste et les difficultés à subvenir à leurs propres besoins familiaux, ne savent pas fermer le cœur et les yeux devant la misère des plus mal pris qu’eux. Ils les accueillent, ils leur offrent un foyer, ils leur donnent l’amour.
Depuis peu, aidé par les autorités locales dans chaque Région, l’Etat Rwandais a reconnu officiellement ce que font les gens comme Madeleine et Augustin. Tenant compte de ce qu’ils font, c’est l’Etat lui-même qui leur décerne cette dénomination d’« Anges Gardiens » ainsi qu’une médaille qui va avec, une médaille remise par la 1ère Dame en guise de reconnaissance de leur engagement au service du pays. Ce sont les travailleurs de l’ombre, et moi qui ai vu et suis témoin de ce qu’ils font, je pense que cette appellation leur convient parfaitement : ce sont les « Anges-gardiens » de ceux qu’ils accueillent ! J’ai pu constater combien c’est difficile et lourd ce qu’ils font, surtout pour les gens d’un âge avancé. Ils y mettent tout leur cœur et leurs dernières énergies mais ils ne s’en plaignent pas. Malgré cette reconnaissance par l’Etat, ce dernier ne les soutient pas financièrement. Leurs protégés dépendent totalement d’eux : la scolarité (primaire-secondaire), les nourrir, les habiller, bref, pourvoir à tous leurs besoins alors que la vie devient de plus en plus chère au Rwanda. Dès lors je me suis dit qu’un petit coup de pouce leur ferait beaucoup de bien !
Depuis une bonne dizaine d’année je me bats pour venir en aide à de telles familles, surtout pour les frais de scolarité et fourniture du matériel scolaire pour leurs protégés, mais cette aide s’élargit aussi aux autres enfants qui arrêtent l’école parce que les parents ne savent plus payer ou des parents qui se retrouvent dans l’obligation de choisir parmi leurs enfants ceux qui doivent poursuivre l’école et d’autres qui doivent arrêter parce qu’ils ne savent plus payer pour tous. Souvent ce sont les jeunes filles qui sont sacrifiées.
Depuis deux ans, toujours en collaboration avec le curé de la paroisse locale, un autre problème au village a attiré toute notre attention : nous avons commencé à aider les jeunes filles qui, encore mineures pour la plupart, quand elles ont le malheur de tomber enceinte, se retrouvent reniées et chassées par leurs propres familles qui considèrent cela comme un déshonneur à la famille comme c’était le cas dans l’ancienne tradition rwandaise, une époque où on les chargeait sur les pirogues de fortune pour aller les abandonner-les jeter- sur un îlot désert du Lac Kivu entre le Congo et le Rwanda pour qu’elles y meurent de faim. Les mentalités ont certes évolué actuellement pour certains mais dans la plupart des cas, surtout dans les milieux ruraux, cette perception de chose pose encore problème. Les jeunes filles qui se retrouvent dans ce genre de situation se retrouvent presque dans la rue, sans l’aide de personne.
Initialement mon projet consistait donc à aider tous les enfants de mon village à avoir accès à la scolarité parce que beaucoup de familles manquent de moyens, mais depuis deux ans je me bats aussi pour l’accueil de ces jeunes filles par certaines familles qui comprennent la problématique ; leur encadrement et intégration sociale mais en même temps en leur payant des formations professionnelles nécessaires en vue de se créer elles-mêmes du travail ou de petits micro-projets leur permettant de se prendre en main. Voilà grosso modo en quoi consiste mon œuvre au Rwanda. Je n’ai pas encore d’A.S.B.L parce que cela demande des bénévoles qui comprennent, adhèrent au projet mais aussi prêts à m’aider à le porter avec des initiatives et actions variées.
En attendant d’en avoir une, j’ai pu poursuivre cette œuvre grâce aux dons de certains d’entre vous et à ce que vous avez donné lors de la collecte de « Noël de partage » de l’année dernière et j’en profite pour vous exprimer encore une fois ma profonde gratitude pour votre générosité. Cette année dans les messes de Noël, soutenu et encouragé par l’Equipe Pastorale à qui j’ai exposé le projet, je compte encore une fois sur votre soutien et votre générosité pour pouvoir continuer d’aider ces nécessiteux de mon village de Rusumo. Pour ceux qui ne seront pas dans ces messes de Noël du 24 et 25 décembre mais qui souhaiteraient bien faire un don, voici le numéro de compte : BE67 0355 6098 4787 de MUREKEZI Oscar, Rue de l’Eglise 30, 4801 STEMBERT
D’avance, un tout grand merci pour eux.
A. Oscar MUREKEZI

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