Feuillets du 4ème dimanche de Pâques
Marie-Médiatrice
Saint-Hubert
Sainte-Julienne
Chers Paroissiens, Chers lecteurs,
Il m’arrive de prendre le temps pour écouter les paroissiens et les questions qu’ils me posent. Depuis quelques temps certains me posent des questions concernant l’argent qu’on donne pour demander une messe soit pour les défunts soit pour les vivants qui ont besoin d’un soutien de prière. C’est ce qu’on appelle « une intention de messe ». Alors la question concerne le pourquoi d’une intention de messe ? Me disant qu’il pourrait y avoir d’autres qui se posent la même question, je juge utile de vous en donner quelques éclaircissements via ce feuillet.
La coutume veut que lorsqu’un chrétien demande à un prêtre de célébrer une messe pour une intention particulière (principalement pour un défunt, mais aussi pour demander une grâce, pour remercier Dieu ou pour honorer la Vierge Marie, un saint…), il accompagne sa demande d’une offrande en argent (on dit aussi : un honoraire), selon un montant fixé par l’Evêque du diocèse, en lien avec les autres Evêques de sa région.
Il importe que cette coutume soit bien comprise et ne souffre d’aucune ambiguïté ni imprécision, car on entend souvent des questions gênantes de la part de certains qui demandent « le prix ou le coût » de la messe : « c’est quoi le prix pour faire dire une messe ? »
A cette question je réponds chaque fois que la messe n’a pas de prix ! Si une somme d’argent est donnée au prêtre, ce n’est pas pour payer la messe, car la messe n’a pas de prix ! Disons plutôt que son prix n’a rien à voir avec la finance ou le commerce car c’est le prix qu’a payé le Christ en se sacrifiant. « Tu fus immolé, rachetant pour Dieu, au prix de ton sang, des hommes de toute tribu, langue, peuple et nation » (Ap 5,9).
On parle plutôt d’offrande. Mais là encore, il ne faut pas se tromper. C’est une offrande faite au prêtre pour sa subsistance, ce n’est pas l’offrande accomplie à la messe car, dans l’eucharistie, il n’y a pas d’autre offrande que celle du sacrifice du Christ à son Père auquel se joint l’offrande de toute l’Eglise : « Faisant ici mémoire de la mort et de la résurrection de ton Fils, nous t’offrons, Seigneur, le pain de la vie et la coupe du salut, et nous te rendons grâce, car tu nous a choisis pour servir en ta présence » (Prière eucharistique°2).
Quel est le sens de cette offrande alors ? Que l’on demande aux chrétiens de faire une offrande pour pourvoir aux besoins de l’Eglise est manifesté, dès les premières communautés chrétiennes, comme en témoignent les Actes des Apôtres (11,29-30) et la deuxième lettre de St Paul aux Corinthiens (8,1-15). On sait aussi que, durant des siècles, le pain et le vin de l’eucharistie étaient apportés par des fidèles, ainsi que des biens, de la nourriture ou de l’argent pour les pauvres. Enfin le fait que des hommes, surtout à partir du IVème siècle, abandonnent toute profession pour se consacrer entièrement à leur ministère sacerdotal a réclamé des fidèles qu’ils fassent des offrandes pour leur subsistance. On peut dire que c’est à cette époque-là que les offrandes pour la vie de l’Eglise trouvent leur origine.
Au début du Moyen-âge, la pratique des messes célébrées à des intentions particulières s’est amplifiée, surtout pour les défunts, et avec elle, l’habitude d’une offrande faite au prêtre à qui l’on demandait de les célébrer. Cette pratique s’est maintenue jusqu’aujourd’hui, et, en 1974, le pape Paul VI la légitimait ainsi : « C’est une tradition bien établie dans l’Eglise que les fidèles, guidés par leur esprit religieux et leur sens de l’Eglise, ajoutent au sacrifice eucharistique un certain sacrifice personnel, afin d’y participer plus étroitement. »
Ce genre d’offrande est donc pour les prêtres et ne doit pas être comptabilisée dans les recettes paroissiales, mais une précision nécessaire est que lorsque plusieurs intentions sont annoncées, le prêtre qui doit célébrer ne peut percevoir qu’une seule offrande. Comme le curé qui en est normalement le principal responsable est tenu de faire célébrer autant de messes qu’il a reçu d’offrandes, le reste constitue le surplus qui lui permet d’en donner aux confrères, aux prêtres en retraite ou sans ministère paroissial, ou en mission qui n’en ont pas et qui en font la demande. Ainsi, toute offrande versée donne lieu à la célébration d’une messe.
Il va de soi que le prêtre célébrera la messe sans recevoir d’offrande si l’intention est demandée par une personne n’ayant aucune ressource ou des ressources très modestes.
Dans l’Unité Pastorale où j’étais avant, il y a une personne à qui j’avais confié la responsabilité de gérer le compte des offrandes qu’on reçoit pour les intentions particulières pour toute l’Unité Pastorale et je compte faire la même chose ici. Il y en a qui demandent des messes en passant par le secrétariat parce que nous avons la chance d’en avoir un qui fonctionne très bien, mais pour ceux qui ne savent pas passer par le secrétariat, normalement dans chaque paroisse il doit y avoir une personne connue et renseignée à qui s’adresser pour faire la demande. Normalement ces personnes transmettent au secrétariat de l’Unité Pastoral les dates, les noms et les situations pour lesquels on a demandé de prier et les offrandes sont versées sur le compte Intentions de messe de l’Unité Pastorale.
Là où j’étais avant c’est cette personne à qui j’avais confié la responsabilité de gérer le compte qui répartissait ces offrandes d’intention de messe (ce qu’on appelle aujourd’hui dons pastoraux) aux prêtres de l’Unité Pastorale selon le nombre de messes qu’ils ont célébrées, et comme il y a toujours un surplus, nous en donnions aussi aux Prêtres Liégeois en Mission à l’Etranger (PLME) ainsi qu’aux prêtres d’Afrique qui n’en ont pas et qui me sollicitent régulièrement. Nous en donnions aux prêtres d’Uganda, du Burundi et du Rwanda, plus précisément de mon diocèse d’origine.
En fait, le système en Afrique est tout autre : les prêtres vivent en communauté et chacun a ses responsabilités. Il y a le curé, le prêtre économe de la paroisse, et les autres avec des responsabilités bien précises. Pour leurs besoins personnels comme les soins médicaux et autres (je rappelle qu’en Afrique il n’y a pas de système de mutuelles sauf au Rwanda où cela commence à prendre forme même si c’est encore rudimentaire), les prêtres dépendent de l’économe qui leur répartit les offrandes d’intentions de messe reçues ; mais le problème est que souvent ils n’en ont pas ; ce qui explique pourquoi ils font souvent la demande aux confrères qui sont en mission à l’étranger et sensés en avoir.
Qu’une messe soit célébrée à une intention particulière est une façon d’orienter plus précisément la prière d’intercession ou de louange, mais n’empêche pas que le sacrifice du Christ soit offert « pour la multitude » (cf ; la prière de consécration).
Les chrétiens doivent savoir aussi que beaucoup de prêtres, j’en fais partie, utilisent les intentions de messes qu’ils perçoivent pour aider des personnes dans le besoin ou aider tel organisme ou association qui agit pour la solidarité.
J’espère vous avoir un peu éclairé sur cette question et que vous aurez compris le bien-fondé de l’offrande symbolique de base qui accompagne une messe demandée pour une intention explicite. Mais dans tout cela le plus important est qu’on accueille toutes les demandes et qu’on prie pour toutes les situations transmises par les fidèles demandeurs : il y en qui donnent une offrande un peu plus élevée par rapport à ce qui est prescrit par le diocèse, mais il y en a aussi qui demandent sans donner l’offrande parce qu’ils n’en ont tout simplement pas les moyens.
Oscar MUREKEZI, curé